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Le Paradoxe des médias / Jean-François Kahn
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S'agit-il encore du quatrième pouvoir ? Apparemment non ! Trump aux Etats-Unis s'est imposé contre lui. Corbin en Grande-Bretagne, Podemos en Espagne, Tsipras en Grèce, mais aussi l'extrême-droite en Autriche, au Danemark, en Norvège, en Suisse, en Tchécoslovaquie, aux Pays-Bas, dans une moindre mesure en Allemagne, ont réalisé d'impressionnantes percées électorales bien que le pouvoir médiatique leur fût, en général, massivement hostile. En France, Edouard Balladur, dont la candidature à la présidence de la République se fracassa sur le roc de l'évidence, bénéficia d'un impressionnant soutien médiatique, alors que Jacques Chirac en était dépourvu. Surtout, le "non" au référendum sur le projet constitutionnel européen recueillit 55 % des suffrages bien que plus de 90 % des médias traditionnels, presse écrite, radios et télévisions, aient milité pour le "oui". A l'issue des élections présidentielles de 2017, les candidats arrivés en première, deuxième et troisième positions, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, c'est-à-dire l'extrême-droite, l'extrême-gauche et le centre, ne pouvaient s'appuyer, a priori, sur aucun socle médiatique, contrairement à la droite et à la gauche. Le constat est clair : un fossé s'est de plus en plus profondément creusé entre l'opinion, traversée par un double rejet du libertarisme néosoixante-huitard et du mondialisme néolibéral, et la pesanteur médiatique dominante, faite d'une synthèse de libertarisme infusé et de néolibéralisme intégré. La dénonciation obsessionnelle du "populisme" permet au pouvoir médiatique de se justifier en diabolisant cette sécession populaire.
Voir le numéro de la revue «Le Débat, 200, 01/05/2018»
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