Syracuse

Avis des lecteurs

• Eblouissant et percutant tant le style que le sujet ! 5/5

  C’est le thème de la torture qui est abordé dans ce récit qui s’apparente davantage à un essai philosophique romancé et qui oppose deux hommes. Ils se sont connus pendant la guerre d’Indochine et sont tous deux rescapés des camps vietnamiens où le lieutenant Horace Andréani doit sa survie au capitaine André Degorce. Ce dernier a connu Bunchenwald et les tortures infligées par la Gestapo. A cette époque il faisait partie des victimes En cette année 1957, dans la guerre d’Algérie où ils sont précipités, ils se retrouvent au rang de bourreaux : Ils auraient préféré la gloire des combats, mais c’est l’armée qui choisit les affectations et la leur c'est "le renseignement". Horace Andréani a accepté sa mission. André Degorce, pétri de religion catholique, d’honneur, de dignité se trouve confronté à une situation qu’il semble assumer tout en recherchant une impossible rédemption dans une bible et auprès d’un Dieu en lequel il ne croit plus. Un dialogue silencieux s’est instauré à travers les chapitres : Andréani fustige son supérieur de son mépris devant la supériorité qu’il prétend avoir sur eux; "Vous aussi vous avez cherché et obtenu des renseignements, et il n'y a jamais eu qu'une seule méthode pour les obtenir, mon capitaine, vous le savez bien, une seule, et vous l'avez employée tout comme moi (p.13) ; Degorce quant à lui ne sait pas « où il a laissé son âme » mais agit comme si sa conscience était exempte des souillures morales qu’il impute à ses collègues qu’il écrase de son orgueil et de son arrogance. Il va jusqu’à faire rendre les honneurs militaires à leur prisonnier, colonel à ALN et à se rendre dans sa cellule pour lui confesser ses doutes. Jérôme Ferrari est né en 1968 : il est ethnologue, écrivain et professeur de philosophie qu’il enseigne en Corse. Il lui a été décerné le prix Nobel de littérature en 2012 mais pas pour ce récit-essai qui l’aurait bien mérité.

  Christiane - Le 05 juillet 2024 à 08:04