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HIER - Agota KRISTOF
Récit étrange tout comme le sont souvent les ouvrages de l'auteur. Dans un style laconique (l'auteur avouait dans "l'analphabète" que son défi serait d'écrire en français mais qu'elle ne le maîtriserait jamais aussi bien que les auteurs dont c'est la langue maternelle) A. Kristof met en scène, Tobias Horwath alias Sandor Lester, un homme qui a fui son pays à l'âge de douze ans après un acte que l'on découvre ultérieurement ; de sa mère qui se livrait à la prostitution, on ne saura pas ce qu'il est advenu. Il travaille dans une usine d'horlogerie dont il ne supporte plus le rythme abêtissant (renvoi au propre parcours de l'auteur après son exil) et retrouve Line qu'il a côtoyée enfant et dont il a fait la femme idéale. Un récit glauque parfois à la limite du malsain, dépouillé, dans lequel on se demande si certaines images relèvent de la démence ou d'évasions oniriques. Il y est question de l'exil et de la difficulté à s'intégrer y compris lorsqu'il rencontre des compatriotes qui n'aspirent qu'à profiter de sa situation enviable pour eux qui n'ont ni travail et vivent dans un camp de réfugiés. L'ambiance qui imprègne tout le récit est grise, sombre, et semble ne jamais s'éclaircir ce qui en fait un texte intense, mémorable et singulier qui ne nous quitte pas une fois terminé. C'est un peu le cas de tous les romans d'A. Kristof. L'auteur est née en 1935 en Hongrie et morte en 2011. Elle s'est exilée en Suisse en 1956 et après des années de travail en usine, a fini par se consacrer à l'écriture. La trilogie des jumeaux a été son grand succès traduit dans une vingtaine de pays et a reçu le prix Inter en 1992.
Christiane - Le 11 avril 2025 à 07:51