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Pour la mort d'un chef kanak. Le destin de Mohamed ben Ahmed ou les enjeux d'une histoire coloniale des "subalternes". La Nouvelle-Calédonie au tournant du XXe ...
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Le chef kanak Bwëé Noël Pwatiba est mort, le 10 janvier 1918, au lieu-dit Koniambo, sous les coups d'un "arabe", condamné aux travaux forcés. C'est ainsi qu'était raconté en 2009, devant la stèle posée en son honneur, le décès de celui qui fut l'une des grandes figures de "la guerre de 17", nom donné aujourd'hui à l'insurrection kanak qui éclata dans le nord de la Grande Terre en Nouvelle-Calédonie dans l'ombre de la Grande Guerre. "L'arabe", Mohamed ben Ahmed, resté longtemps anonyme, est ici l'aiguillon de l'enquête qui tente de comprendre les raisons d'un crime. Il s'agit d'éclairer les plis et replis "d'un si petit monde colonial" où se côtoient des émigrants et des condamnés poussés par les dynamiques impériales du temps, à proximité de Kanak refoulés dans des réserves indigènes. Inspirés par une histoire au ras du sol prêtant une attention soutenue aux subalternes et à leurs logiques d'action, nous cherchons à rendre lisible la "situation coloniale" au plus près du terrain, à travers l'enchevêtrement de destins et de liens - ou du moins d'en comprendre l'ambiguïté à travers la rencontre improbable entre Mohamed ben Ahmed et le chef Noël, dans laquelle se jouent l'entraide, la fragile confiance et la trahison.
Voir le numéro de la revue «Revue d'histoire moderne et contemporaine, 3, 01/07/2017»
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