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Une nuit à la bibliothèque de Saratov
Saratov se trouve à 850 kilomètres au sud-est de Moscou, sur la Volga. La ville qui se trouve sur l’autre rive, au-delà d’un pont de trois kilomètres s’appelle – toujours – Engels. Plus loin, c’est la steppe, plus loin encore, le Kazakhstan. Un million d’habitants à peu près, en comptant les banlieues, qui sont grandes et dévastées. Dans le centre, il y a une grande place où un Lénine de bronze a l’air de désigner d’un doigt impérieux quelque chose qui n’aurait pas été balayé, une rue piétonne, la rue Kirov, qui est le haut-lieu des promenades et où se sont multipliés récemment de petits cafés et des commerces de luxe selon l’échelle locale. Il y a même un café Mexico où l’on sert tard le soir des chilis con carne ainsi qu’une salade « Ramon Mercader »... Cette rue débouche sur une vaste esplanade où se font face le cirque (où l’on donnait en avril des corridas avec yacks) et le marché couvert, qui est très beau, avec ses théories de femmes de tous âges placées plus haut que les clients circulant dans les travées et dominant des amoncellements de fromages, de légumes et de fruits secs aux couleurs vives. De la gare ou de l’aéroport (étonnamment proche du centre), la ville descend vers la Volga, le long de laquelle des immeubles soviétiques surplombent un quai-promenade qui est, en toute saison, la mélancolie même.
Voir la revue Numéro 22-23, 2223 - octobre 2001, 01/10/2001